Un jeune ibis chauve entre dans l’histoire 

Giselbert réussit instinctivement et tout seul son premier vol vers l’Espagne

Un évènement doublement extraordinaire dans le monde de la conservation en Europe a eu lieu dans le ciel genevois : le jeune ibis chauve « Giselbert 916 » a pris son envol depuis Überlingen en Allemagne vers les quartiers d’hiver de cette espèce en Espagne. Il a effectué le voyage sans être accompagné par ses parents et il a choisi d’instinct la route migratoire passant par Genève, celle du Fort l’Ecluse. Ce vol exceptionnel démontre de manière impressionnante les incroyables capacités d’orientation de cette espèce gravement menacée.

Samedi 11 octobre 2025, Giselbert était encore sur son lieu de naissance à Überlingen, alors que ses parents, Espi 600 et Dr. Saurier 604, avaient déjà quitté la région du lac de Constance en direction de Berne/Thoune, accompagnés de l’ibis expérimenté Kazoo. On craignait alors que le jeune oiseau ait perdu le contact avec eux.
Mais, dimanche 12 octobre, surprise ! Giselbert a pris son envol et a parcouru une distance impressionnante jusqu’au sud-est de Lyon, avec une seule étape à Soleure. Fait particulièrement remarquable : il a choisi d’instinct – mais comme l’avait prédit les experts – l’itinéraire migratoire qui survole Genève et passe par le défilé de Fort l’Ecluse. Ses parents sont encore en Suisse et devraient passer par la même route migratoire dans les jours à venir. Le jeune Giselbert est ainsi le premier ibis chauve de l’année à franchir les Alpes – un cap essentiel dans la migration.

Une espèce ancienne – un nouvel espoir
L’ibis chauve (Geronticus eremita) est l’une des espèces d’oiseaux les plus anciennes connues au monde, présente depuis 1,8 million d’années. Autrefois largement répandu en Europe du Sud, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, il a disparu du continent européen au XVIIe siècle, principalement en raison de la chasse et de la destruction de son habitat.
Grâce à des projets de conservation internationaux intensifs, la population a pu lentement se rétablir au cours de ces dernières années. Le statut de l’espèce est passé de «en danger critique» à «en danger» sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Toutefois, l’avenir reste incertain : en 2025, on ne compte qu’environ 250 individus à l’état sauvage.
Un élément clé des programmes de réintroduction est la libération contrôlée d’animaux élevés en captivité. Dans les Alpes, deux petites populations ont été relâchées avec succès et guidées vers la Toscane à l’aide d’ULM. L’objectif étant de rétablir l’ibis chauve comme oiseau migrateur naturel en Europe.

Le rôle de la Suisse et du Bioparc Genève

En Suisse, le Bioparc Genève joue un rôle central dans la protection de l’espèce en tant que coordinateur de l’«Ibis Task Force Romandie». Le parc animalier abrite des ibis chauves provenant de Parc du Château de Waldegg en Argovie, qui ne pouvait plus les garder. Les ibis du Bioparc jouent le rôle d’ambassadeurs de leurs congénères, tel Giselbert, et du projet européen de réintroduction de l’espèce.

Le vol en solitaire de Giselbert ne constitue pas seulement une avancée importante pour les efforts de conservation, mais aussi un exemple émouvant de l’intelligence innée et du sens de l’orientation de cette espèce. Comment ce jeune oiseau a-t-il su, sans contact visuel avec ses parents, quelle route suivre ? Les itinéraires migratoires lui auraient-ils été « expliqués » dans le nid ? Ou bien suit-il uniquement ses instincts naturels ?
Une chose est sûre : Giselbert est en bonne voie pour retrouver ses parents et passer l’hiver en Espagne – un symbole d’espoir pour tous ceux qui œuvrent à la préservation de cette espèce unique.

Lire l’article du 20 Minutes du 17 octobre 2025

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